Les Amour
———Les Amour, qui ont donné leur nom au pays, sont une confédération de tribus arabes nomades dont la plus grosse partie est maintenant plus à l’ouest. Suivis par d’autres hilaliens, ils ont submergé un vieil élément berbère. Ils sont actuellement représentés, dans le Djebel Amour par les trois douars des Ouled Mimoun, Chéraga et Gheraba, et des Ouled Sidi Hamza. Les Ouled Mimoun Chéragas (orientaux) ont Aflou sur leur territoire ; leurs terrains sont assez pauvres et surtout forestiers. Les Ouled Mimoun Gheraba (occidentaux) furent historiquement la tribu dominante, directrice, mais ils n’ont pas conservé cette place comme s’ils avaient épuisé le plus clair de leurs forces dans les luttes intestines. On trouve pourtant chez eux la grande famille Nourreddine et un certain nombre de fonctionnaires.
———Les Ouled Sidi Hamza, au sud-ouest, sont un douar nettement présaharien. Leur territoire, qui touche à la mer d’alfa d’un côté, tombe sur le Sahara par des abrupts de plusieurs centaines de metres. C’est de ce côté surtout que l’on se rend compte de la hauteur du massif. Les Ouled Sidi Hamza élèvent des chevaux et cultivent de l’orge malgré une sévère érosion éolienne. C’est chez eux que pas-se la piste des grands nomades du sud, Salt Otba, dont le qçar Taouïala est le principal gîte d’étape entre Ouargla et le Sersou. Les femmes Hamzias sont célèbres pour leur beauté.
———Les Adjalètes et les Ouled Sidi Brahim, au nord et au nord-ouest commandent la mer d’alfa et la plaine d’El-Ousseukh. Leurs pacages sont exposés aux pluies, leurs dayas sont plantées d’orge et de blé dur. Ils nomadisent sur leur propre territoire, ce qui représente d’ailleurs un rayon assez vas-te, le douar adjali ayant 127.000 hectares. Leur cheptel s’est reconstitué depuis le désastre de 1945. La possession d’un troupeau de quinze à vingt têtes pourrait assurer un minimum vital à chaque fa-mille et l’on a remarqué que les gros troupeaux en période critique, souffrent plus que les petits et les moyens. Le S.A.R. d’élevage modèle des Adjalis, à Guelta, est, je crois, le premier à s’être constitué en Algérie. Il a été suivi de quatre autres, chez les Ouled Yagoub, les Amour, les Naceris et dans les Gadas ce qui fait honneur aux administrateurs qui ont travaillé à Aflou depuis une dizaine d’années.
———Au sud et sud-est, vers la commune mixte de Laghouat, les Ouled Ali Ben Ameur, mélangés sans doute de hilaliens et de berbères, sont particulièrement pauvres, vivant sur une forêt résiduelle et des peuplements d’alfa peu denses. Des irrigations judicieuses et l’utilisation rationnelle des curieuses résurgences de l’Oued Morra, pourraient peut-être améliorer leur sort.
———Le douar des Ouled Yagoub el Ghaba (de la forêt) est nettement montagneux et abrite dans ses gadas, massifs abrupts découpés longitudinalement par des gorges profondes à falaises verticales, des descendants de Berbères, tels les Ouled Srour sans doute, qui y trouvèrent refuge contre les Banou Hilal, comme les chrétiens catholiques y avaient, dit-on, fui auparavant les Vandales ariens. Ils élèvent des chèvres, font du charbon de bois et du goudron (avec le bois de genèvrier oxycèdre) et mangent à l’occasion les baies de genèvriers. Nous verrons fout à l’heure, en parlant d’El-Ghicha, une des curiosités du pays. On y a signalé des dépôts salins et des bitumeux qui ont servi aux gazogènes pendant la dernière guerre.
———Les Ouled Yagoub Chéraga et les Ouled Yagoub Ghéraba, au sud et à l’ouest, purs hilaliens venus de Tunisie au XIVme Siècle, sont de grands éleveurs et les seuls qui nomadisent loin du Djebel, allant jusque près de Ghardaïa en hiver et Montgolfier, dans le nord, en été ; ce qui leur permet de faire un peu de commerce et de travailler aux moissons dans le Tell, qui a d’ailleurs attiré et retenu une partie d’entre eux dans les périodes difficiles. On pourra se faire une idée des hauts et des bas de la richesse d’une tribu nomade, si l’on songe que ces deux douars, de 6.000 habitants environ, perdirent cinquante mille moutons pendant la sécheresse de 1945-1947, et que leur cheptel camelin passa de quelques milliers à quelques centaines de têtes. Pour l’ensemble de la commune, on a vu, au cours de cette période désastreuse, les ovins passer de 400.000 à 20.000.
———Les Ouled Sidi-Naceur appartiennent administrativement à la commune mixte, mais sont plutôt orientés géographiquement et historiquement vers Géryville. Ils se séparèrent naguère des Ouled Si-di Cheikh pour se rallier aux Amour et à l’agha Eddine. Ils sont relativement favorisés au point de vue eaux et pacages et l’on songerait à utiliser l’Oued Qçab pour des cultures luzernières ou fourra-gères.
Emile DERMENGHEM
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